mardi 23 décembre 2014

Lettre ouverte aux grévistes

Dans une « Lettre ouverte au Parti Socialiste belge », j’avais mis en alerte ce parti sur les dangers et dérives possibles qui pouvaient naitre de sa communication, basée sur un appel à la haine.

Malheureusement, le temps m’a donné raison : violences lors des manifestations, voiture de riverains innocents incendiées, dégradations des commerces et menaces de mort
adressées à notre premier Ministre, Charles Michel.

J’ai donc une question très simple, et j’espère de tout cœur que les grévistes me répondront : POURQUOI ?

Réponse hypothétique 1 : « Nous sommes contre l’austérité ! »


Très bien, moi aussi.

Quelle est la source de l’austérité ? La source de cet austérité est tout simplement la dette belge, puisque la dette publique, représente 107% du PIB, soit +/- 37.000 euros par habitant. La Belgique doit donc rembourser chaque année +/- douze milliards d'euros aux banques.

La question suivante est évidente : quelle est l’origine de cette dette ?

Dans un article que j’avais écrit nommé : « Caterpillar et ses 1400 travailleurs, c’est triste mais… pourquoi ne parle-t-on jamais des « autres » ? », je pointais deux problèmes : la subvention des grandes entreprises et une absence de mesure radicale.

Tournons-nous un instant vers les syndicats. Nombre de syndicats ont soutenu un formidable projet : http://www.auditcitoyen.be

Le but de ce mouvement est d’auditer la dette belge, via des groupes de recherche indépendants, afin de connaitre la source exacte de cette dette.



Quelles sont les conclusions intermédiaires de cet audit citoyen ? Que la source de cette dette est non seulement la dette elle-même (via ses intérêts, ce que l’on savait déjà), mais aussi et surtout la subvention des grandes entreprises, que je pointais dans mon article. Dexia, Arcellor-Mittal, et consorts, sont autant de trous financiers sans fond.

Sur ces sujets, silence radio du Parti Socialiste (qui, au pouvoir pendant 25 ans, est le responsable de ces mécanismes) et des syndicats (qui ont besoin de ces grandes entreprises pour exister tant d’un point de vue financier que médiatique).

L’austérité actuelle est donc le fruit des décisions prises par ceux qui appellent aux renversements du gouvernement actuel.



Réponse hypothétique 2 : « On ne veut pas travailler plus longtemps ! »


L’espérance de vie actuelle moyenne en Belgique est de 81 ans.

En 2014, nous devrions vivre 90 ans.


Nous parlons ici de moyenne. Une moyenne est pondérée par des évènements tragiques : mort d’enfants, accident de voiture de jeunes conducteurs, etc. Ceci signifie donc que beaucoup d’entre nous aurons la chance de vivre bien plus vieux que ces moyennes.

Vivre plus vieux, cela veut dire des budgets de soins de santé plus lourds et des budgets de pension qui augmentent également.

Le budget des pensions a ainsi augmenté de 67% au cours des sept dernières années, passant de 25 milliards en 2006 à 37 milliards en 2013.

Je ne vais pas m’hasarder à effectuer des projections financières ; ces chiffres parlent d’eux-mêmes.

Il apparait logique, si l’on vit 90, voir 100 ans, que l’on ne peut pas travailler uniquement 35 ou 40 ans, et ensuite compter sur l’état belge pour subvenir à nos besoins.

Le mécanisme des pensions est un mécanisme basé sur un équilibre et face à l’allongement de la durée de vie, cet équilibre est rompu.

Il est donc nécessaire de travailler un peu plus afin de rééquilibrer la balance.

De quoi parle-t-on ? Du bagne ? On en parle que de quelques années de travail en plus. Est-ce un défis insurmontable ?

Je connais une adorable grand-mère qui a travaillé comme infirmière bénévole jusqu’à ses 89 ans. Enfant, il y avait des personnes âgées qui venaient animer des ateliers dans mon école. J’ai en mémoire des personnes qui à l’âge de la retraite pleuraient, non de joie, mais de tristesse.

Ces personnes aiment travailler ; elles sont heureuses et fières d’être actives, utiles.

J’ai récemment défendu ce point de vue sur les médias sociaux. J’ai à chaque fois été « attaqué » pour ces propos. On me rétorque que « les conditions de travail ne sont plus les mêmes ».

Quand il est 3 heure du matin et que je suis vraiment fatigué, que je l’impression d’être un esclave travaillant pour payer l’ONSS et la TVA, j’ai une astuce pour motiver : je pense à mon grand-père. Bon-Papa a été mineur. C’était un travail vraiment dur et lui, il en parle comme les meilleures années de sa vie : la chance d’avoir un travail, les défis à relever, la camaraderie entre collègues.

Dès lors, quand on me parle de la difficulté des conditions de travail, je ne peux m’empêcher de sourire. Je pense que le vrai souci est une absence d’envie de travailler, une absence de but, une absence de fierté, une absence de responsabilité, une absence de conscience.

On ne travaille pas pour soi ; on travaille pour les autres, on travaille pour un écosystème en constante évolution, qui a besoin de muter pour s’adapter.

Réponse hypothétique 3 : « Le saut d’indexe ! »


Sauf erreur de ma part, le saut d’indexe automatique n’existe qu’en Belgique (à confirmer, je ne suis pas certain) et il plombe les entreprises depuis 2008 : voir mon billet http://www.ihaveto.be/2014/10/lettre-ouverte-au-parti-socialiste-belge.html

Il ne s’agit pas d’un droit inaliénable mais d’un privilège qui peut être suspendu en cas de difficultés financières.

La mesure n'est pas inédite: dans les années 80, le gouvernement Martens l'avait imposée à trois reprises.

A l’époque, nous n’avons pas vu de tels débordements : les belges ont réfléchi et ils ont compris.

Réponse hypothétique 4 : « On ne peut pas rester sans réagir ! »


L’obligation citoyenne de réagir afin de rappeler au politique ses devoirs.

En 1975 on a connu la même situation : on manifestait tous les vendredis.

Cela a fonctionné puisque le gouvernement est tombé.

Résultat : une dévaluation de 8,5% en un an.

Qu’est-ce que c’est qu’une dévaluation exactement ? C’est un appauvrissement de tout le monde de façon linéaire, même pour les bas revenus et les allocataires sociaux.

Oui, vous avez une obligation de veille citoyenne, mais vous avez aussi et surtout l’obligation de réfléchir avant d’agir ; une réflexion basée sur des faits et des chiffres afin d’assurer l’avenir du royaume, en étant pleinement conscients des conséquences de vos actes.

Mes conclusions


Egoïsme : c’est le mot qui me vient à l’esprit.

« Je veux que l’on augmente mon salaire, mais je m’en fou si l’entreprise où je travaille ne peut pas assumer ces indexations et finit par fermer ».

« Je veux ma pension, mais je ne veux pas travailler un peu plus pour assurer les pensions de mes enfants. »

Je veux, je veux, je veux…

Ma conclusion est méchante mais je ne vois pas dans ces mouvements les actes de citoyens responsables ; juste des enfants égoïstes et capricieux.

Oui, les citoyens doivent réagir, oui il faut communiquer au gouvernement que nous désirons que les meilleurs choix soient posés, mais il faut choisir les bons combats.

Où étiez-vous quand pendant plus d’un an, nous sommes restés sans gouvernement ?

Où êtes-vous quand il faut demander une mise en application des modifications de la législation TVA qui pourraient diminuer de 17% les faillites dans les TPE/PME ?

Où êtes-vous quand les syndicats et le PS poussèrent à subventionner des entreprises mortes nées qui ne créent aucun emploi mais survivent grâce à ce modèle économique artificiel ?

Où serez-vous quand vos enfants et petits-enfants vous demanderons, tout comme moi aujourd’hui : POURQUOI ?

Oui, où serez-vous ?

Et concrètement, que faites-vous ?

Que faites-vous afin de moins consommer ?

Que faites-vous pour aider l’économie de votre pays ?

Oui que faites-vous ?

Pensez-vous réellement que les actes posés pendant les manifestations vont permettre un mieux social, économique ou politique ?

Quelles sont les solutions concrètes possibles pour endiguer la dette belge ?

Quelles propositions défendez-vous ?

Pour quelles réformes vous battez-vous ?

Le mouvement social actuel ne vise qu'un but: l'immobilisme. Et si la Belgique ne bouge pas, alors qu’elle fait partie d’un monde en éternellement mouvement, la Belgique mourra.

Alors je vous repose la question : Pourquoi ?

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