samedi 27 septembre 2025

Kamel Bencheikh...

 Ces derniers jours, beaucoup m’ont écrit en réaction à l’extrait de la lettre ouverte de Kamel Bencheikh que j’ai partagé. J’aimerais clarifier ma démarche et surtout aller plus loin dans la réflexion.

👉 Mon propos n’était pas centré sur Saliha Raiss elle-même, ni sur la polémique médiatique qui fait du bruit sans traiter le fond. Ce qui m’a interpellé, c’est la justesse du constat : nous avons laissé s’installer, au cœur de nos écoles, de nos quartiers, un climat de défiance vis-à-vis du savoir, des libertés et de l’égalité.

Il y a quinze ans déjà, des professeurs de Molenbeek, Saint-Josse et Schaerbeek me confiaient leurs difficultés. Dans leurs cours d’histoire, de sciences ou de citoyenneté, certains élèves refusaient le contenu au nom de croyances importées ou déformées. Aujourd’hui, le dialogue est devenu presque impossible : les profs n’osent plus, car chaque tentative d’ouverture entraîne insultes ou menaces.
Dans l’enseignement supérieur, certains étudiants en médecine refusent encore de pratiquer certains soins, toujours au nom d’idéologies religieuses radicales.

Et comment oublier Samuel Paty, dont le seul crime fut d’enseigner ?


Mais allons plus loin.
L’islam n’est pas, en soi, incompatible avec la science, la culture ou la liberté. Bien au contraire : il fut, à certains moments de l’Histoire, l’un des moteurs de la connaissance mondiale.
📚 Bagdad, au temps de la Maison de la Sagesse, était un phare où l’on traduisait les œuvres d’Aristote et de Galien.
🔭 Avicenne et Averroès ont nourri notre médecine et notre philosophie européennes.
🌌 L’astronomie, les mathématiques, la poésie… tout cela a brillé dans ce que certains appellent aujourd’hui « l’islam des Lumières ».

Alors, que s’est-il passé ?
Pourquoi avons-nous laissé prospérer, dans nos cités européennes, une lecture fermée, violente et obscurantiste qui trahit autant l’islam lui-même que nos valeurs occidentales ?

La réponse est double :
1️⃣ Des politiques complaisantes, obsédées par le clientélisme électoral, qui ferment les yeux pour garder quelques voix.
2️⃣ Une lâcheté citoyenne, qui préfère détourner le regard plutôt que d’affronter les extrêmes.


Dans mon cercle proche, j’ai des amis de toujours, d’origine turque, marocaine, tunisienne. Des frères de cœur. Et eux aussi n’en peuvent plus. Ils ont peur. Ils voient leurs enfants stigmatisés par les dérives d’une minorité radicalisée via les réseaux sociaux.
👉 Quand eux-mêmes me disent : « On ne se reconnaît pas dans ce qu’on voit », c’est que le problème est bien réel.

La situation actuelle nourrit un cercle vicieux : les extrémistes gagnent du terrain, les citoyens se taisent, les politiques reculent, et au final, c’est la société entière qui s’abîme.


Alors je repose la question qui dérange :
🕯 Avons-nous encore le courage d’espérer un islam des Lumières, ouvert, respectueux, capable de dialoguer avec la science et les autres religions ?
Ou avons-nous définitivement accepté que les extrêmes parlent au nom des croyants, au nom des quartiers, au nom des voix électorales ?

Je ne juge pas les croyances – qui suis-je pour cela ? – mais je refuse les extrêmes. Parce que les extrêmes détruisent. Ils détruisent la liberté, l’égalité entre femmes et hommes, la paix civile.
Et plus nous restons silencieux, plus nous trahissons ce que nous avons de plus précieux : l’éducation, la vérité, la justice.


En 2025, nous ne pouvons plus nous contenter de dénoncer. Nous devons ouvrir les yeux, exiger que l’école redevienne un sanctuaire du savoir, que la politique cesse ses compromissions, et que les citoyens retrouvent le courage de dire non aux extrêmes, d’où qu’ils viennent.

Le silence n’est plus une option.
Et comme le dit l’Évangile : « La vérité vous rendra libres » (Jean 8, 32).

e voudrais aussi préciser une chose importante.
Je ne suis pas de ceux qui reprennent aveuglément l’expression « islam des Lumières ». Car si les Lumières en Europe ont permis l’essor des sciences, de la raison critique et de la démocratie, elles ont aussi enfanté leurs propres excès.

📖 Relisons notre Histoire :
Les Lumières ont conduit à la Révolution française. Et si la Révolution a fait souffler un vent de liberté, elle a aussi déclenché la Terreur : prêtres massacrés, églises saccagées, monastères détruits, croyants humiliés.
Voltaire et Rousseau, que l’on érige souvent en modèles, ont parfois nourri des discours qui ont ouvert la voie à un extrémisme de l’athéisme, aussi dangereux que l’extrémisme religieux.

👉 En d’autres termes : la raison seule, sans transcendance, peut basculer dans la violence.
👉 Et la foi seule, sans ouverture, peut basculer dans le fanatisme.

C’est pourquoi, plutôt que de rêver d’un « islam des Lumières » calqué sur notre Histoire, je crois qu’il faut rechercher un équilibre :
✅ Le respect de toutes les croyances et de ceux qui n’en ont pas.
✅ Le refus absolu de la haine, d’où qu’elle vienne.
✅ Le vivre ensemble authentique, qui ne demande pas d’effacer son identité mais qui interdit de l’imposer à l’autre.

Car in fine, ce n’est ni la Raison seule, ni la Foi seule qui sauveront nos sociétés. C’est l’Amour.
Et je ne crains pas de le dire ainsi, avec force : l’amour vaincra, bordel ! ❤️

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire