dimanche 15 novembre 2015

"Lettre ouverte à la France : et si aux lendemains de l'horreur nous décidions d'être intelligents ?"

Après une mauvaise nuit, je n'ai pu faire autrement que d'écrire ce que j'avais sur le coeur. Le billet est disponible sur le Nouvel Obs: "Lettre ouverte à la France : et si aux lendemains de l'horreur nous décidions d'être intelligents ?" http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1449396-.html


Conclusion : "Nous vivons une guerre, qui se déploie à la vitesse de l'e-mail, dans une société binaire, où vous êtes le 1 ou le 0, où vous êtes vivant ou mort."




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Face à l'horreur la plus immonde, la seule réponse efficace est l'intelligence.

Malheureusement, aux lendemains d'un drame sans adjectif assez fort que pour le qualifier, la bêtise est déjà là. Entre les politiciens aux ambitions déplacées, voire nauséabondes, et le populisme croissant sur le web 2.0, nous sommes loin du chemin à suivre, un chemin éclairé, visant à ne plus reproduire les erreurs du passé.

En 500 avant Jésus Christ, le stratège Sun Tzu écrivait dans sa bible de la conduite militaire, « L'art de la guerre », toute l'importance de la gestion des ressources.

Une guerre, car oui l'évidence est enfin offerte à tous, nous sommes en guerre, se joue avant tout sur le plan financier. Chaque pion mal avancé est une perte, une perte d'autant plus lourde que l'échiquier de l'économie française, et même européenne, ne se portent pas bien.


« Refermons les frontières. »

Fermer les frontières, c'est supprimer l'une des racines majeures de l'Europe ; la libre circulation, libre circulation qui est une des bases de notre économie.

Mathématiquement et économiquement, cela n'a aucun sens. Prenons par exemple la frontière entre l'Hexagone et le Plat Pays. La frontière franco-belge est longue de 620 kilomètres. Si l'on compte environs 23 points d'entrées officiels (chiffre très approximatif, je n'ai malheureusement pas trouvé de sources qui se recoupent), avec une largeur moyenne de 10 mètres, cela nous fait donc une largeur totale de 230 mètres. Il faudra donc déployer des ressources pour remettre en l'état les infrastructures douanières et surveiller ce qui représente donc 0,037 % de la frontière. Que faire du reste ? Le grillager ? Les terroristes savent se servir d'une pince…

Historiquement, cela n'a pas plus de sens. Si l'on se penche sur la pression terroriste qu'a subie la France dans les années 80, ce ne sont pas des douaniers qui ont réglés le problème, mais la négociation diplomatique et la souplesse (faiblesse?) de la France, qui a rencontré la presque totalité des demandes qui lui furent adressées.

Il y a aussi l'idée de faire la guerre sur le terrain du Khalifa, une idée encore plus coûteuse. Pour rappel, cela fut l'axe de réponse choisi par les USA après les attentats du 11 septembre. Les forces états-uniennes menèrent une guerre en Irak (qui permit la naissance de Daesh) et une autre en Afghanistan ; guerres qu'ils perdirent. La France ferait-elle mieux que la première puissance militaire mondiale ? Permettez-moi d'en douter.

Enfin, viennent les grandes propositions gouvernementales, dont la mise sur écoute du peuple français. Comment, les personnes qui dirigent ce pays, peuvent-ils sincèrement penser que cela va être utile ? Les terroristes savent qu'ils sont écoutés. Dès lors ils utilisent des systèmes qui ne savent pas être mis sur écoute, comme l'application pour téléphone mobile WhatsApp ou alors une application de communication cryptée comme Signal Private Messenger.

Si un jeune ado de 13 ans sait comment envoyer des images pornos qui vont s'autodétruire, sans laisser de trace, ni d'offrir de possibilité « d'écoute », pensez-vous réellement qu'une armée terroristes n'est pas au courant ? Il est réellement temps que les élites politiques se connectent au monde réel et se mettent à niveau.

Nous vivons dans un monde qui évolue à la vitesse de l'e-mail : le temps que vous commenciez à rédiger le brouillon d'une loi, la donne technologique et stratégique a déjà changé depuis 6 mois. Cette société est binaire, vous êtes le 1 ou le 0 et au vu des résultats désastreux, les décisions prises valent un 0 pointé.


L'urgence d'une stratégie

Face à la guerre qui a envahi la France, il faut mettre en place une réelle stratégie.

Le temps du tricotage et dé-tricotage de lois et de projets est terminé ; il faut agir à la vitesse de l'e-mail.

Si la France était une start-up à l'ère du numérique, ses dirigeants feraient une analyse SWOT afin de déterminer les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces. Suite à cette analyse, ils définiraient la liste des axes à travailler, liste qui pourraient être : financement, marketing, radicalisation, gestion des combattants, prévention des risques, sécurité, diplomatie.


Financement

Un groupe terroriste pour exister militairement, doit exister financièrement.

La particularité de Daesh est sa capacité d'auto-financement. Fort de la prise d'une importante série de puits de pétrole, Daesh vend sa production, via les filières du marché noir mis en place après la première guerre du Golf, filières qui proposent le baril d'or noir à un prix défiant toute concurrence, aux multinationales pétrolières.

La manne de financement de Daesh tire donc une partie de ses ressources via ses relations commerciales, relations entretenues aussi avec des groupes pétroliers français.

Il est du devoir de l'état, de mettre en demeure ces entreprises d'instancier une analyse approfondie de l'origine de leurs barils et de refuser tout achat servant à financer le terrorisme.

Il est du devoir de l'état, d'instancier la même dynamique auprès des groupes pétroliers états-uniens et russe, via la voie diplomatique.


Marketing

Les réseaux sociaux sont apparus comme étant le canal privilégié de communication et de recrutement de Daesh.

Comment se fait-il que cela soit encore permis, alors que si vous mettez une photo d'un tableau de nu, vous êtes bani de Facebook ?

L'état doit exiger des réseaux sociaux, la possibilité de signaler en 2 cliques maximum du contenu à « caractère terroriste ». De facto, Daesh sera confronté à une guerre de communication menée par la totalité des internautes français.

Un contenu dénoncé se verra tracé, transmis aux autorités compétentes, effacé et le compte ayant posté ce contenu, également effacé.

Si un réseau social se refuse à répondre positivement à la demande de la France, la France doit bannir ce réseau de son territoire.

La France a mis en place cette procédure pour protéger l'industrie de la musique et de la production cinématographique en bloquant « The Pirat Bay », pourquoi ne le ferait-elle pas afin de protéger la vie de ses citoyens ?


Radicalisation

Si la prise de contact s'effectue souvent via les médias sociaux, la radicalisation est un travail d'endoctrinement mené par des hommes en face à face. Ce travail, souvent réalisé dans des mosquées non officiel, doit être stoppé.

La technique pourrait être simple : lorsqu’il aurait soupçon de radicalisation ou de travail d'endoctrinement, il faudrait introduire un mouchard sous forme de logiciel dans le téléphone des personnes visées. De par ce mouchard, les responsables des services d'intelligence concernés pourraient entendre toutes les discussions. Dès qu'il y aurait une preuve verbale d'un mécanisme de radicalisation, les personnes concernées se verront supprimer la nationalité française (ou européenne : belge, allemande, etc.), si nationalité il y a, puis subiraient le gel des avoirs bancaires et la confiscation des biens immobiliers et mobiliers. Ensuite, les personnes incriminées seront conduites par l'armée à la frontière du Khalifat.

Ces mesures sont extrêmes et ne respectent pas les droits de l'homme ? En effet. Mais pensez-vous réellement que nous avons encore le luxe d'offrir la liberté d'expression lorsque cette liberté prône le meurtre et la guerre ?

Face à la radicalisation, il n'existe pas d'alternative à des mesures radicales.


Gestion des combattants

Pour ce qui est de combattants revenant de leur terre sainte, même traitement : suppression de la nationalité française, gel des avoirs bancaires et confiscation des biens immobiliers et mobiliers. Ensuite, ces combattants seront conduits par l'armée à la frontière du Khalifat.


Prévention des risques

La prévention des risques est un travail d'éducation.

Je vais faire bondir les défenseurs de la laïcité, mais je suis pour l'introduction de cours d'histoire des religions obligatoires.

Ces cours, ne seraient pas des cours visant à se convertir à une doctrine. Il s'agirait des cours qui analyseraient en profondeur, via la sémantique et l'histoire, les textes fondateurs des différentes religions monothéiste.

Le but, serait d'empêcher un vide intellectuel, des notions spirituels, d'être empli de mensonges par la propagande extrémiste.

Il faut armer les jeunes de savoir, d'un esprit critique et d'une connaissance profonde des valeurs que défendent réellement les porteurs de foi.


Sécurité

Toute la mécanique de la sécurité est à revoir.

Il faut simplifier, raccourcir les délais et processus, donner plus de moyens et d'autonomie.

Cela entraînera des dérives, mais quelques dérives ne sont-elles pas parfois nécessaires afin de préserver la vie ?



Diplomatie

Les quelques mesures simples proposées dans ce billet, ne doivent pas être réalisées uniquement au niveau de la France, il faut que la France insuffle une modernisation de l'anti terrorisme tout d'abord au niveau européen, puis au niveau mondial.

Là aussi, les arcanes diplomatiques utilisent des techniques d'un autre âge. Là où des responsables terroristes se mettent d'accord rapidement via une dialogue réalisé au travers d'une application installée sur leur téléphone mobile, notre diplomatie doit organiser un sommet, choisir un lieu, le sécuriser, envoyer des invitations, replanifier, etc.

Or, dans notre société numérique, il existe une invention formidable: la vidéo conférence. Une réunion peut être organisée en une journée, sans contrainte de sécurité ou d'intendance compliquée. Souvenez-vous que le temps joue en permanence contre nous.



Des idées irréalisables

Je ne suis ni politicien, ni analyste, ni même journaliste.

Je suis un simple créateur d'entreprises, un créateur fatigué, qui a passé comme vous tous, une très mauvaise nuit.

Je travaille dans le monde des logiciels. Dans ce monde, des géants sont mis en danger chaque jour, par de petites entreprises qui les prennent de vitesse.

La France est un géant et Daesh la prise de vitesse.

Le temps de la réflexion politicienne est terminé ; il est temps de définir une stratégie et de l'appliquer immédiatement.

Les mesures définies ci-dessus ne sont qu'un simple exemple, voire un exemple simpliste, de ce qui pourrait être mis en place en un seul et court mois, des mesures qui toucheraient directement les fondements de la mécanique Daesh.

Oui ces idées sont imparfaites, oui elles entraîneront des dérives.

Lorsqu'une start-up s'attaque au créneau d'une multinationale, dominant un marché, elle ne s'inquiète pas de ces imperfections car elle évolue sur base de la méthode agile, une méthode qui vise à corriger et améliorer les processus mis en place, de façon continue.

La France se doit d'être agile, de réinventer en continu sa politique anti-terroriste ; la France doit se réveiller, se dépoussiérer, comprendre que l'épopée des grattes papiers juridico-politico-diplomatico « défenseurs des droits de l'expression et du respect à la lettre de la loi » est dépassée.

Nous vivons une guerre, qui se déploie à la vitesse de l'e-mail, dans une société binaire, où vous êtes le 1 ou le 0, où vous êtes vivant ou mort.

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