mercredi 30 juin 2021

Comment utiliser un pager (ou bipper si vous préférez) en 2021 ?

 

Un pager en 2021 ? 

Mais pourquoi ? 

Je reviendrai en détail là dessus dans un autre article. Retenez simplement ceci: quand on est noyé de notifications sur son téléphone et son ordinateur, être équipé d'un appareil dont le seul et unique but est de sonner en cas de réel problème, vous permet tout simplement d'être parfaitement réactif, au bon moment. 

Bref, simplicité = efficacité.

Et vous l'aurez sans doute compris, notre réseau de pager chez Simple CRM est relié au monitoring des serveurs.

Parlons technique : POCSAG - le protocole utilisé par les pagers

Technologiquement, le protocole de radiomessagerie est très simple. Du point de vue de l'encodage, le pager n'est pas si différent des sonnettes sans fil qui se vendent maintenant pour 5€ sur Aliexpress.

Disons que nous voulons envoyer un message "TEST" au numéro "1234". Le message sous une forme binaire ressemblera à quelque chose comme ceci :

10101010101010101010101010101010 - Preamble
01111100110100100001010111011000 - Frame Synchronization Code
01111010100010011100000110010111 - Idle codeword
00000000000100110101111000111111 - Address + Function Bits + CRC
10010101101000111001001111111100 - T E S (7 bit/symbol)
11001010100000000000001111100011 - T . .
01111010100010011100000110010111 - Idle codeword


Les bits sont codés avec une modulation par déplacement de fréquence (FSK) utilisant une bande passante de 9 kHz et une vitesse de 1200 bits par seconde. Tout ce message est transmis en 0,5 s environ.

Cela semble simple, et ça l'est vraiment. Je ne vais pas entrer dans les détails; ceux qui sont intéressés peuvent lire la spécification du protocole. Il est même facile de dessiner tous ces bits avec un stylo et du papier - ces protocoles étaient simples dans le passé. Je pense que personne ne peut le faire avec le GSM ou le WiFi modernes. Dans les messages POCSAG, il n'y a pas d'authentification, pas de clés de sécurité - tous les messages destinés à tous les clients des sociétés de paging sont disponibles à l'antenne "tels quels", et d'ailleurs, peuvent être facilement décodés avec un logiciel PC comme PDW. Certains pagers modernes, comme le Swissphone X15, utilisés par certaines forces d'intervention, ont un support de cryptage optionnel, mais ils sont chers et plutôt rares.

Comment les clients reçoivent-ils leurs messages? Chaque téléavertisseur possède son propre identifiant unique, appelé CAP - Channel Access Protocol ou RIC - Receiver Identification Code. Tous les pagers du fournisseur de paging écoutent la même fréquence, disons 164 MHz. Si le code du message est égal au code du téléavertisseur, ce dernier enregistre le message et émet un "bip" sonore. C'est tout ;-) 

C'est une communication à sens unique, il n'y a pas de renvoi de confirmation, le pager n'a que le récepteur et pas d'émetteur du tout. La logique et le matériel sont extrêmement simples et, grâce à cela, le pager peut fonctionner pendant plus d'un mois avec une seule pile AAA. Il est intéressant de noter que les pagers sont encore utilisés dans certains pays, notamment dans les hôpitaux ou les services d'urgence, où il est important de disposer d'un appareil portable et léger doté d'une longue autonomie.

Acheter un pager en 2021 ?

Il existe deux solutions: soit vous acheter un nouveau pager sur Aliexpress pour environs 50 €, soit vous en achetez un d'occasion sur eBay.

Ma préférence va à la solution Aliexpress, pour des raisons de facilités:

  • vous êtes certains que le pager fonctionne puisqu'il est neuf
  • la fréquence utilisée est clairement écrite sur l'écran
  • il n'y a aucun risque qu'il soit bloqué par un code de sécurité implanté par l'opérateur de téléphonie

Comment envoyer un message à votre pager ?

Pour envoyer des données au téléavertisseur, nous devons transmettre le message POCSAG en utilisant la fréquence radio appropriée. 
 

La technique simple: Rpitx

Le moyen le plus simple est d'utiliser le Raspberry Pi, et étonnamment, c'est complètement gratuit : avec l'aide du logiciel gratuit et open-source rpitx, le signal peut être généré directement à partir de la broche du Raspberry Pi. Il suffit de placer un petit bout de fil sur la broche GPIO4 :


 

Le pager est assez sensible pour recevoir un tel signal avec une couverture de plusieurs mètres. Pour assurer la couverture d'un bâtiment, j'ai placé 2 répétiteurs de signal radio, achetés également chez Aliexpress, à 120 Euro l'unité.

Pour envoyer un message, nous devons installer le logiciel rpitx et exécuter la commande :

echo -e "1000001:MESSAGE TEST" | sudo ./pocsag -f "4503750" -b 3

Ici, 1000001 est un capcode, c'est à dire le numéro d'authentification de mon pager. Dans mon cas, tous mes pagers ont le même capcode, ce qui permet d'envoyer le message d'alerte de monitoring serveur à tous nos ingénieurs en même temps.

4503750 est la fréquence et 3 est un type de message (le message peut être l'un des 4 types, par exemple, 0 - numérique uniquement, 3-alpha-numérique). D'autres paramètres, comme l'inversion du signal ou le débit en bauds, peuvent également être modifiés si nécessaire.

La puissance de sortie est certes faible, mais elle est suffisante pour tester un pager. Si vous voulez plus de puissance, il faudra un répétiteur de signale ou une installation plus puissante, comme je vais l'expliquer ci-dessous. 

L'application rpitx fonctionne étonnamment bien pour son prix (qui est, disons-le encore une fois, nul), mais bien sûr, le Raspberry Pi n'est, en général, pas un générateur RF précis. La fréquence peut ne pas être 100% correcte et un petit ajustement de la valeur dans une gamme de plusieurs kilohertz peut être nécessaire.

Carte MMDVM

La solution suivante consiste à acheter une carte MMDVM (Multi-Mode Digital Voice Modem) spéciale, qui peut être fixée au Raspberry Pi :


Ce joujou contient l'émetteur ADF7021 avec une gamme de fréquences possibles de 80-940 MHz et une petite antenne. 

Malgré son nom, MMDVM peut transmettre non seulement la voix mais aussi les messages POCSAG. 

Pour utiliser la carte, nous devons installer l'application MMDVMHost et configurer le fichier MMDVM.ini (définir la fréquence souhaitée et activer les modules "POCSAG" et "Remote Control"). 

Après cela, nous pouvons lancer l'application MMDVMHost (elle peut être placée dans le fichier /etc/rc.local pour un démarrage automatique ou être exécutée comme un service si nécessaire). Dans une autre fenêtre de terminal, nous pouvons utiliser cette commande pour envoyer un message :

./RemoteCommand 7642 page 1000001 "MESSAGE TEST"

Ici le 7642 est le port de connexion, 1000001 est un capcode.

L'utilisation de MMDVMHost est un peu plus compliquée et nécessite quelques connaissances de Linux, mais le signal de sortie est meilleur comparé à l'utilisation de la broche du Raspberry Pi comme sortie.

Et voilà! 

 
Si vous aviez déjà un script de monitoring serveur qui vous envoyait des emails et hurlait en cas de soucis, vous avez maintenant la possibilité d'avoir un réseau de pager en plus... 

Have fun!


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